La prochaine Conférence des Ministres Africains des Pêcheries et de l’Aquaculture (CAMFA) aura lieu à Durban en Afrique du Sud, du 24 au 27 mars. Il est temps de se pencher sur cet évènement et d’en faire part à nos gouvernements respectifs. Il est aussi l’heure de réfléchir à l’approche du Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD) et de l’Union Africain (UA) concernant la réforme des pêcheries africaines.
En 2011, le NEPAD a initié un processus d’évaluation impliquant divers acteurs concernés de cinq régions africaines. Ce processus est le résultat de la rencontre d’un groupe de réflexion avec des partenaires africains où seulement deux ou trois représentants des communautés de pêche à petite échelle ont participé.
Parallèlement, ou juste avant ce processus, le NEPAD et l’UA ont produit un rapport auquel nous avons pu acceder en décembre 2013, intitulé « L’aide au développement pour les pêcheries en Afrique : établir les principes fondamentaux pour la pêche » (2011). Bien qu’il n’ait jamais été mis à notre disposition, vous pouvez le trouver au lien suivant :
http://transparentsea.co/
Nous reviendrons d’ici peu sur ce rapport.
Le processus d’évaluation démarré en 2011 a abouti à cinq rapports régionaux que le NEPAD et l’UA étaient supposés synthétiser dans un rapport unique avec un ensemble de recommandations pour la réforme des politiques africaines. La date butoir était l’an dernier, mais le processus a été abandonné sans explications. Les recommandations étaient supposées bénéficier à la CAMFA, initialement prévue en février 2013, mais qui se tiendra en fait en mars 2014.
Concernant le rapport « L’aide au développement pour les pêcheries en Afrique », le président du NEPAD, Ibrahim Assane Mayaki, ancien Premier Ministre du Niger, a souligné le besoin « …d’ouvrir l’espace politique afin d’assurer une participation plus large dans le développement et la mise en œuvre des politiques des pêcheurs, pêcheurs-agriculteurs, commerçants et consommateurs… ». En outre, il affirme clairement que le document s’appuie sur les leçons de PROFISH (Banque Mondiale), plus particulièrement du rapport PROFISH/PERC intitulé « L’Économie Politique des Leçons des Ressources Naturelles pour la Réforme des Pêcheries ».
Notez que ce rapport « est une compilation […] d’articles préparés et reconnus par des experts internationaux dans les domaines des pêcheries et de la réforme des ressources naturelles plus généralement. Ces articles ont été revus à un atelier organisé par le Centre de Recherche en Propriété et Environnement (PERC) en mai 2009. Ce rapport représente une contribution initiale importante à une étude en cours de la Banque Mondiale et du Partenariat pour les Pêcheries Africaines (un programme du NEPAD financé par la Grande Bretagne à travers son Département pour le Développement International) sur l’économie politique de la réforme des pêcheries ». Ceci est extrait de la préface, et le rapport complet peut être téléchargé au lien suivant :
http://siteresources.
Sachez aussi que le PERC est le plus ancien et large institut des États-Unis voué à l’amélioration de la qualité environnementale à travers les droits de propriété et le marché (www.perc.org).
Une rapide lecture du rapport sur l’aide au développement pour les pêcheries en Afrique laisse clairement apparaître que ce dernier est une version condensée du rapport PROFISH/PERC. Pour résumer les 226 pages du rapport PROFISH, les maîtres-mots sont déréguler et privatiser afin de permettre aux grandes sociétés de prendre le contrôle et la direction de la macro-économie des pêcheries. Aucune tentative n’est faite pour faire une référence sincère au secteur des pêcheurs à petite échelle, ainsi qu’inclure sa voix ou ses perspectives.
Ainsi, le rapport sur l’aide au développement pour les pêcheries en Afrique n’inclut pas les perspectives des pêcheries à petite-échelle. M. Ibrahim Assane Mayaki échoue indéniablement à faire en sorte que son département ouvre « …un espace politique afin d’assurer une participation plus large… ».
Une tentative mineure d’inclure les voix des petits pêcheurs africains dans le processus de réforme a été réalisée juste avant Noël. À la fin novembre, WFFP Africa et d’autres ont été invités à la réunion du NEDPAD et de l’UA sur le processus de réforme – en étantinformés seulement deux semaines à l’avance. Ce n’était qu’une réunion symbolique pour permettre au NEPAD d’affirmer « nous avons maintenant consulté la société civile », et qui n’a été organisée que suite aux critiques au NEPAD des partenaires du réseau Pan-Africain.
Il faut souligner que convoquer une réunion seulement deux semaines à l’avance, et trois mois avant que l’ensemble des recommandations doive être présenté à la réunion de la CAMFA, montre l’incapacité du NEPAD à travailler avec les organisations de pêcheurs à petite échelle.
Ainsi, à quoi ressembleront les recommandations finales pour les Ministres de la Pêche africains? Le NEPAD et l’UA ont commissionné davantage « d’experts » pour développer des documents d’orientation avec des conseils en matière de réforme politique. L’opportunité de participer au processus d’élaboration des ces documents nous a été refusée. Nous pouvons supposerque ces documents véhiculeront les mêmes messages que le rapport sur l’aide au développement pour les pêcheries.
En tant que représentants des communautés de pêcheurs, nous avons le devoir de faire en sorte que notre voix soit entendue. LaCAOPA, la Confédération des Organisations des Pêcheurs Artisanaux Africains, organise une consultation en ligne depuis le 6 janvier, qui se terminera le 3 février. C’est une discussion bilingue, dont l’ensemble du contenu est traduit simultanément en français et anglais.
Le but de cette consultation en ligne est de fournir une plate-forme pour échanger sur une série de questions qui nous semblent prioritaires pour les communautés qui vivent de la pêche en Afrique. CAOPA facilitera la consultation et fournira un document récapitulatif des points clés, qui à son tour sera présenté à l’occasion de la réunion de CAMFA. Cette consultation en ligne fournira aussi l’opportunité aux participants de répondre à la stratégie de réforme lorsqu’elle sera rendue publique – à partir du 20 janvier.
Les contributeurs peuvent également faire leur contribution directement sur le site de la CAOPA, où sont présentés les thèmes proposés à la discussion
Vous pouvez aussi envoyer votre contribution au courriel suivant : contributions@caopa-africa.org
Nous vous encourageons à exhorter vos gouvernements respectifs à rejeter les politiques instruites par la Banque Mondiale ainsi que la colonisation de nos ressources halieutiques.
Pour plus d’informations, nous vous recommandons de nous « aimer » sur facebook www.facebook.com/masifundise
Et de visiter les liens suivants
https://www.masifundise.org/wp-
https://www.youtube.com/watch?